La terrible ignorance économique que cache le Covid

Par Jeff Deist - Président du Mises Institute - Discours à l'Institut Ron Paul

Certains d’entre vous connaissent peut-être le nom d’Alex Berenson, l’ancien journaliste du New York Times venu d’un passé de gauche progressiste. Il aura été absolument intrépide et infatigable sur Twitter au cours des dix-huit derniers mois, documentant les excès et la folie de la politique sur le Covid, et la réalité douteuse quant aux affirmations officielles, sur tout allant de la distanciation sociale jusqu’à l’efficacité des vaccins en passant par les masques. Il est devenu une armée à lui seul contre les thèses « covidiennes » dominantes.

M. Berenson est célèbre pour avoir créé une expression « virale » (sans jeu de mots) qui fit le tour de Twitter l’année dernière : « le virus fera le virus » (« virus gonna virus« ).

En clair, que l’on soit en Suède ou en Australie, à New York ou en Floride, que l’on force au port du masque, que l’on ferme les écoles ou confine, que l’on exige des passeports vaccinaux, ou rien de tout cela, le virus fera le virus. Les hospitalisations et les décès par virus seront concentrés chez les obèses et les vieux. Chez presque toutes les communautés, les deux tiers ou plus des décès touchent les plus de 70 ans, mais même chez les vieux, plus de 90 % des infectés survivent au covid. Et parmi tous les décès dus au covid, seuls quelques 7 % sont dus au seul covid, sans autres facteurs de risque graves.

Ce que l’on ne saura jamais, malheureusement, faute de groupe de contrôle, du moins en Occident, c’est ce qui se serait passé dans une société qui n’aurait tout simplement rien fait en réaction au virus. Quid d’un pays avait simplement encouragé ses citoyens à renforcer leur immunité naturelle par une alimentation saine, de l’exercice, des vitamines et la lumière naturelle du soleil ? Et s’il avait pris des précautions pour les populations âgées et immunodéprimées, tout en permettant aux gens plus jeunes et en meilleure santé de vivre normalement ? Ce pays aurait-il atteint plus vite un degré d’immunité naturelle, avec des résultats globalement meilleurs pour la santé physique et mentale de ses citoyens ? Et avec bien moins de dommages économiques ?

Tout cela, c’est l’invisible. [Au sens de ce qui ne se voit pas, au sens de Bastiat.] Et non, ça ne valait pas « la peine » d’arrêter le monde.

Revenons à M. Berenson. La semaine dernière, Twitter a décidé qu’ils en avait assez et a suspendu définitivement son compte. Ce n’est pas une mince affaire pour les journalistes indépendants – et Dieu sait qu’il y en a besoin – qui touchent un grand nombre de gens via Twitter et en dépendent pour gagner leur vie.

Recherchez son profil Twitter et vous y verrez une chose effrayante. Son nom y figure toujours, mais avec un avertissement tranquillement menaçant : « Compte suspendu ». Toutes les autres traces de son existence sont effacées : sa photo de compte a disparu, sa photo de profil est vide, et la bio descriptive a disparu. Rien que du vide. C’est étrange, et cela me rappelle la célèbre vieille photo de Staline près du canal de Moscou. Il se tient à côté de Nikolai Yezhov (j’ai dû chercher son nom), qui se brouilla avec Staline et fut exécuté, puis effacé de la photo par la censure soviétique.

Alex Berenson aura été de la même façon désincarné, retiré, effacé. Mais même s’il finit par être une victime de cette guerre – et que vous soyez d’accord avec lui ou non – des gens comme lui ont réussi à remettre en cause le discours officiel d’une manière inimaginable il y a seulement vingt ans. Le journaliste financier John Tamny souleva une idée intéressante la semaine dernière : plaignez-vous des réseaux sociaux tant que vous voulez, mais in fine Facebook et Twitter auront été d’excellentes sources d’information durant cette pagaille. Et après y avoir réfléchi, je dois tomber d’accord. La plupart des informations alternatives sur le covid, je les ai consommées via les réseaux sociaux. Mais bien sûr, M. Berenson n’a plus ce luxe.

L’économie du Covid et les arbitrages

En parlant de discours, on aura particulièrement manqué de réflexion claire et sobre sur les dommages causés à l’économie américaine par les politiques sur le Covid. On ne saisit pas du tout les jeux économiques qui se cachent derrière le Covid, car on veut désespérément se convaincre que l’économie sera bientôt « normale ».

Les États sont bons à deux choses, à savoir donner des ordres et dépenser de l’argent. Ils font les deux à la pelle dès qu’une supposée crise survient, et le Congrès et la Fed sont passés à la pleine vitesse à partir de mars 2020. La Fed a injecté plus de 9.000 milliards de dollars chez ses premiers courtiers, et on estime que plus de 20 % de tous les dollars américains jamais émis le furent au cours de la seule année 2020. Au plan fiscal, plus de quarante agences fédérales ont dépensé 3.200 millions de dollars pour relance post Covid. Cela représente donc 12.200 milliards de dollars de pression inflationniste introduite dans notre économie.

Ce que l’économie veut et dont elle a besoin pendant les crises, c’est bien sûr la déflation. Lorsque l’incertitude augmente, et elle le fit certainement pour des millions d’Américains inquiets pour leur emploi en 2020, les gens gardent naturellement et inévitablement des liquidités plus fortes. Ils dépensent moins. En même temps, ils sont restés à la maison, ont moins conduit, sont moins sortis au restaurant, ont moins voyagé, ont moins travaillé. Tout cela est naturellement déflationniste, donc bien sûr, le Congrès et la Fed se sont lancés dans un effort pour combattre cela bec et ongles avec une inflation intentionnelle. Nous nous trouvons donc maintenant au sein d’un combat de catch entre deux forces opposées, l’une naturelle et l’autre artificielle.

Le Dr Hans-Hermann Hoppe a créé une formule célèbre : le marché produit des biens, c’est-à-dire des choses qu’on désire et que l’on achète ou consomme volontairement. Les États produisent des « maux », c’est-à-dire des choses que l’on ne désire pas du tout. Des choses telles que guerres et inflation. Ils le font avec notre propre argent, en réduisant ce que nous avons pour le dépenser en vrais biens et en réduisant ainsi la production de ces biens.

Au cours des seize derniers mois, l’État nous a donné bien des « maux », au point que l’on peut les qualifier de « pires », qui sont même pires que les maux. Les débâcles du Covid et de l’Afghanistan viennent à l’esprit.

Il est peut-être facile et mesquin de comparer l’incapacité de l’État fédéral à gérer l’Afghanistan à son incapacité à gérer un virus, mais la comparaison est trop parfaite pour y résister. Je n’y résisterai donc pas.

Parmi les maux que l’État produit, il y a la désinformation. Une analogie entre Covid et Afghanistan est le phénomène connu sous le nom de « brouillard de guerre » : l’incertitude de la conscience de la situation que vivent les participants aux opérations militaires.

Pour paraphraser Carl von Clausewitz, la guerre est le royaume de l’incertitude ; les facteurs sur lesquels repose l’action en guerre sont enveloppés d’un brouillard d’incertitude. Brouillard et frictions obscurcissent le jugement du commandant, même lorsque celui-ci partage entièrement nos intérêts, ce qui n’est guère acquis avec le Covid. Lorsque la guerre fut déclarée à un virus, la clarté prit la fenêtre. Et voilà donc seize mois vécus de brouillard, de désinformation sur le Covid. Cela se produit en tandem avec les médias, qui répètent en perroquets les déclarations officielles de sources comme le très suspect Fauci et attisent l’alarmisme à tout bout de champ.

Et nous vivons encore avec ça. Pensez que nous n’avons pas encore de réponses définitives à ces questions simples :

  • Les masques fonctionnent-ils vraiment ?
  • Les enfants ont-ils vraiment besoin de masques ? Soit dit en passant, notre grand ami Richard Rider rapporte que le comté de San Diego (fort d’un population de 3,3 millions d’habitants) a fermé ses écoles publiques pendant un an pour un [seul] décès d’élève !
  • Y a-t-il une propagation asymptomatique ?
  • Le virus vit-il sur les surfaces ?
  • Combien de temps dure l’immunité après avoir été vacciné contre le Covid ?
  • Combien de vaccins une personne doit-elle recevoir pour être « complètement » vaccinée ? Combien de rappels ? Annuels ?
  • Le variant delta et les autres variants ne sont-ils pas simplement l’évolution prévisible de tout virus ?
  • Comment définir un « cas » ou une infection si une personne ne présente aucun symptôme et se sent bien ?
  • Le Covid peut-il vraiment être éradiqué comme la polio ? Si oui, pourquoi n’avons-nous pas déjà éradiqué la grippe ?

Et ainsi de suite. On n’obtient jamais de réponses claires, mais seulement du flou.

Mais ce qui est peut-être le plus choquant dans ces seize mois, c’est notre incapacité puérile à envisager des arbitrages ! Je ne parle pas seulement de l’énorme conséquence économique de l’arrêt des affaires, et des terribles dommages financiers qu’il a causés et qu’il causera à des millions d’Américains. Je ne parle pas que de la dépression, de l’isolement des amis et des proches, de l’alcoolisme, des maladies non traitées, du suicide, de la prise de poids et de l’obésité, du retard dans le développement des enfants, et de tout le reste.

Je parle de la compréhension des arbitrages économiques de base suite à la politique sur le Covid : chaîne d’approvisionnement, alimentation, énergie, logement, chômage. C’est la base de l’économie.

Je ne saurais trop insister sur ce point : des millions d’Américains n’ont aucune notion d’économie et ne voient tout simplement pas que les arbitrages existent.
Ils croient, et sont encouragés par la classe politique à croire, que le pouvoir peut simplement imprimer de la monnaie sous la forme de mesures de relance et payer les gens bénéficiant d’allocations de chômage à rester chez eux. Que le CDC [Centers for Disease Control and Prevention], parmi toutes les agences fédérales risibles, peut simplement imposer un moratoire sur les loyers et vicier des millions de contrats locaux, [qu’importe,] cela marchera d’une façon ou d’une autre. Le Congrès peut simplement accorder des prêts « PPP » [Paycheck Protection Program : Programme de protection des salaires] aux entreprises fermées ou en difficulté pour qu’elles puissent, comme par magie, payer leurs salaires. Que la Fed (Réserve fédérale) peut simplement acheter des actifs aux banques commerciales, leur prêter des fonds illimités et décider de taux d’intérêt plus bas pour stimuler le logement et la consommation.

Des millions d’Américains, par pure ignorance en économie, pensent littéralement que ces actions n’ont aucun coût et sont pleinement bénéfiques, sans contrepartie.
Et voilà qu’on se demande pourquoi l’économie ne peut pas simplement appuyer sur un bouton et revenir à la normale. Mais ce n’est pas ainsi que fonctionne une chaîne d’approvisionnement mondiale incroyablement complexe, dont ses livraisons en temps réel. Et c’est pourquoi des milliers de Ford F-150 [très gros modèle de pick-up] restent invendus, et invendables, sur d’immenses parkings. Il y a une pénurie mondiale de puces et micro-processeurs ; beaucoup d’entre elles proviennent d’une même entreprise de Taïwan. À propos, les puces sont utilisées partout, des iPhones aux consoles Xbox en passant par les ordinateurs portables Surface et les réfrigérateurs.

CNBC [chaîne de télévision] a récemment publié un remarquable reportage sur les interruptions de la chaîne d’approvisionnement. Elle se trompe sur la cause de l’inflation, qu’elle impute à la pandémie plutôt qu’aux banques centrales, mais elle brosse un tableau saisissant des graves problèmes auxquels est confronté un secteur manufacturier mondial radicalement surchargé. Les retards de livraison seraient les plus longs depuis des décennies. Et inflation plus retards sont de mauvaises nouvelles, car il est si difficile pour les acheteurs et les vendeurs, à tous les stades de la production, de savoir ce qu’il faut facturer et ce qu’il faut payer pour les biens d’équipement ou les biens de consommation.

Combien de projets de construction, par exemple, furent pris au dépourvu par la multiplication par cinq des prix du bois l’an dernier ? Les ports sont engorgés par l’attente des camions, faute de chauffeurs, de sorte que les conteneurs restent en place pendant des semaines plutôt que des jours. Les conteneurs vides sont devenus rares. Les horaires des chemins de fer sont affectés par les ports comme des dominos, et les prix du fret montent en flèche. Les dockers de la côte ouest se mettront-ils en grève en 2022, à l’expiration de leur contrat ? Les nouvelles réglementations en matière d’émissions, qui ralentissent les navires, entraîneront-elles une augmentation de la capacité ? Les principales usines chinoises fermeront-elles à nouveau leurs portes à cause du variant delta ?

Tout cela n’est guère beau à voir, et cela pourrait durer jusqu’en 2023. Alors achetez vos cadeaux de Noël dès maintenant !

On commence à voir ce qu’on ne voyait pas, mais les économistes, dont le travail consiste à montrer les arbitrages, ont été largement hors circuit ces 18 derniers mois. Considérez ce récent billet d’un célèbre économiste libéral :

« Le PIB américain est aujourd’hui plus haut, en fait pas mal plus élevé, que quand la pandémie a commencé.
La participation de la main-d’œuvre américaine est inférieure d’environ 1,5 % à celle du début de la pandémie.
Y avait-il vraiment du travail en moins pour quelques millions de personnes en janvier 2020 ?
L’inflation a-t-elle vraiment changé au point de rendre les chiffres du PIB trompeurs ?
La productivité totale s’est-elle améliorée à ce point pendant ce temps, sous ces contraintes ? (c’est-à-dire plus de production à partir de moins ?)
Ou bien tout cela est-il le signe que la structure de l’économie est plus stratifiée qu’on le pense, qu’il y a des millions de personnes occupant des emplois plus ou moins « bouche-trou » qui peuvent être mises à la porte et que l’économie continue de tourner ? Oui, il y a toutes sortes de rapports sur les pénuries de main-d’œuvre, et toutes sortes de contretemps dans la chaîne d’approvisionnement qui semblent être souvent associés à la délocalisation, mais l’activité générale reste élevée. (Ou l’inverse ? Les chiffres montrent-ils un « PIB fumeux », ou les ajustements de l’inflation sont-ils vraiment si déréglés que le PIB réel n’est pas ce qu’on en pense ?) »

C’est de la malice déguisée en intelligence, et c’est le genre de chose faisant que les gens détestent les économistes. C’est une absurdité d’homo economicus. Ce genre de nombrilisme, consistant à s’interroger à voix haute, comme si l’on pouvait arrêter le monde pendant un an, renvoyer tout le monde chez soi, suspendre le paiement des loyers sans subir de conséquences, me fait penser que l’économie comme profession n’apporte rien de bon au monde. Les gens ont désespérément besoin d’une activité productive pour leur simples santé et bonheur, même si cette activité n’apporte pas grand-chose à l’économie nationale.

Un ami qui dirige une grande chaîne de magasins de détail dans plusieurs États m’a envoyé cette réponse :

« C’est incroyable à quel point cette personne est [censuré]. Une économie est un moyen d’obtenir des choses. Y a-t-il plus de choses, ou moins de choses, que quand tout a commencé ? Plus de voitures ou moins ? Plus d’ordinateurs et d’appareils numériques personnels ou moins ? Plus de nourriture ou moins ? Plus de pétrole ou moins ? Une plus grande chaîne d’approvisionnement interentreprises ou moins ?
Mais parce que ce [censuré] pense que l’économie est une architecture symbolique, et non une chose réelle permettant d’obtenir des choses réelles, il est totalement dérouté par une question simple. Sors, crétin. Eloigne-toi du clavier et du tableur. »

J’ai trouvé qu’il avait raison. L’économie est l’étude du choix face à la rareté, de la façon dont on obtenons les biens et services que l’on veut dans un environnement d’arbitrage et d’incertitude. Rien ne pouvait être plus désastreux pour cet environnement que des mesures de confinement étatiques vagues et sans limites. Qu’importe de déplacer des chiffres jusqu’à ce que cela plaise, comme quelque savoir gnostique de substitution. On a stoppé le monde à cause d’un virus, le redémarrer sera difficile, et les dommages économiques seront énormes et durables. Les économistes devraient montrer les dégâts invisibles, et non applaudir les données factices et gonflées à bloc.

Mon propos ici est de suggérer que notre situation économique actuelle est pire que ce qui est annoncé, et que l’économie est ce qui nous tient ensemble. Ce que l’on imagine étant l’Amérique est principalement un arrangement économique, pas un arrangement social ou culturel, et certainement pas un arrangement politique. L’Amérique n’est plus guère un pays, et je ne prends aucun plaisir à le dire. Que se passe-t-il lorsque l’économie s’effiloche ?

Le grand déballage

Mais il y a un bon côté à tout cela. Une lueur d’espoir, peut-être.

En dix-huit mois, on a appris que toutes les crises sont locales. Pendant dix-huit mois, cela a compté qu’on vive en Floride ou à New York, qu’on vive en Suède ou en Australie. Et le monde physique analogique s’est réaffirmé avec force : où qu’on soit, aussi riche qu’on puisse être, il a fallu exister dans la réalité matérielle. Il y a eu besoin d’un logement, de nourriture, d’eau potable, d’énergie et de soins médicaux au sens le plus physique du terme. Il y a eu besoin d’une livraison au dernier kilomètre, peu importe ce qui se passait dans le reste du monde. La situation locale a soudainement pris de l’importance en 2020. C’est l’année où le localisme s’est réaffirmé.

Le fait que la réalité locale soit dysfonctionnelle ou non a eu beaucoup d’importance au cours de la terrible année du Covid. Et les gens se réveillent à la simple réalité de ce dysfonctionnement. On sait que l’État fédéral ne peut pas gérer le Covid. Il ne peut pas gérer l’Afghanistan. Il ne peut pas gérer la dette, ni le dollar, ni les dépenses, ni les droits. Il ne peut même pas organiser des élections fédérales, pas même elles, et encore moins assurer la sécurité, la justice ou la cohésion sociale.
Alors comment peut-il gérer un pays de 330 millions de personnes ? Comment peut-il gérer cinquante États ?

Que l’on veuille l’appeler Grand Réveil ou Grand Réalignement, quelque chose de profond est en train de se produire. Imaginez que le XXIe siècle inverse la tendance dominante des XIXe et XXe siècles, à savoir la centralisation du pouvoir politique dans les mains des États nationaux, voire supranationaux ? Et si une expérience de localisme et de régionalisme était sur le point de se lancer ? Simplement du fait de l’incapacité pure et simple des États nationaux modernes à gérer la réalité quotidienne ?

Une sorte de force centrifuge est à l’œuvre. Ici, aux États-Unis, les gens s’isolent, d’eux-mêmes, tant idéologiquement que géographiquement, formant ce qu’il convient de considérer comme une sorte de sécession douce. Une enquête récente de United Van Lines confirme ce que l’on savait déjà : les gens fuient la Californie, New York, le New Jersey et l’Illinois. Pour le Texas, l’Idaho, la Floride et le Tennessee. C’est la simple fuite hors du dysfonctionnement des grandes villes et les politiques progressistes inapplicables, mises à nu par les leçons pratiques du Covid.

Il convient de s’en réjouir. Si seulement 10 % des Américains ont des opinions raisonnables en politique, économie et culture, cela constituerait 33 millions de personnes : voilà de quoi s’unir pour former une force politique significative ! Et cette nation dans la nation serait plus grande et plus puissante économiquement que de nombreux pays européens.

En outre, on assiste à un énorme déplacement du pouvoir politique des villes vers les banlieues et les zones rurales. Il n’y a vraiment rien de tel dans l’histoire des États-Unis. L’Amérique commença par des colonies et des villages, avant de se déplacer vers l’ouest, vers les fermes et les ranchs. Quand les usines commencèrent à remplacer les fermes comme principaux employeurs, les Américains se déplacèrent vers les anciennes villes de la Rust Belt comme Chicago, Pittsburgh et Détroit. Quand la technologie et la finance commencèrent à éclipser l’industrie manufacturière, les Américains se déplacèrent vers Manhattan, Seattle et la Silicon Valley pour trouver les meilleurs emplois. Mais cette révolution dans la finance et la technologie signifie du capital plus mobile que jamais, et le Covid a accéléré la capacité à travailler à domicile. Tout cela pourrait avoir d’énormes effets bénéfiques pour les petites villes et les zones rurales, qui pourraient à leur tour avoir des effets profonds sur la carte du Congrès et le collège électoral. Si l’on en croit les réunions de commissions scolaires en colère quant aux masques, la politique est d’ores déjà plus localisée.

Les politiques du Covid ont ruiné les villes, du moins pour un temps, et le Grand Dérangement réduira le pouvoir politique et économique de ces villes.

Une opportunité rarissime se présente donc à nous. L’État fédéral est de loin l’institution la plus vaste et la plus puissante d’Amérique, mais comme les orateurs précédents l’ont évoqué, la foi dans les institutions s’effrite. Et elle mérite de s’effriter. Washington DC aura été la pièce maîtresse où s’organise la société depuis cent ans désormais, et c’est une réalité profondément malsaine. Il faudrait donc applaudir quand les Américains perdent foi en elle via Trump, le Covid, l’Afghanistan ou des sondages d’opinion montrant un pays profondément divisé et sceptique. Il y a un sentiment croissant que Washington est dépassé, que c’est fini, et qu’il est temps de lui tourner le dos. Nous voilà en train de perdre notre religion d’état.

Contestant nos élites politiques, le Covid et la réaction désastreuse des États pourraient finir par réduire leur pouvoir et leur position dans la société.

Jeff Deist

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