Entretien sur l’Ecole Autrichienne – 1

Interview de Stéphane Geyres, Président de l’Institut Mises France, menée par Elie Blanc.

Interview de Stéphane Geyres, Président de l’Institut Mises France.

Menée par Elie Blanc, diplômé de l’EDHEC, rédacteur passionné par l’EAE.

L’école autrichienne d’économie, ou EAE, reste fort mal connue, alors même que ses premiers écrits ont déjà plus de 150 ans et qu’elle est celle qui rend le mieux compte des phénomènes économiques réels. Ce paradoxe vient en partie de sa démarche d’analyse et beaucoup de ses résultats, qui vont à l’encontre des croyances de notre époque et heurtent bien des convictions. Pour la faire connaître, nous avons entrepris cet échange visant à répondre et éclairer certaines questions que l’on rencontre le plus souvent à son sujet. Selon l’intérêt de ce texte et les nouvelles questions qui se poseront, une suite pourra voir le jour.

Bonne lecture à Tous.


Pourquoi un libéral devrait-il s’intéresser à l’économie ?

StG: D’abord parce qu’il est difficile de cerner la Liberté sans les questions économiques, et parce qu’elle apporte de nombreux arguments contre les opposants à la Liberté. Ainsi, si la Liberté est “le droit de faire ceci ou cela”, la voilà qui signifie “le droit de faire”, c.-à-d. de commercer, faire des affaires, échanger, négocier. La Liberté se conçoit donc selon les axes statique du droit naturel et dynamique de l’échange économique. L’économie est bien au cœur même de la vie sociale animée par la Liberté. Si la Liberté est le Droit, il est difficile de s’intéresser, voire de revendiquer sa / la Liberté en ignorant tout de son pan économique.

De plus, on nous assène au quotidien une foule de statistiques, de chiffres, d’affirmations, tant d’arguments théoriques venant justifier tant de lois et de mesures politiques affectant notre Liberté et notre vie. Un libéral s’attachant au sain réalisme face aux utopies, il lui faut disposer des outils intellectuels l’aidant à décrypter la propagande obscurcissant ces sujets.

Et pourquoi l’école autrichienne d’économie ?

StG : L’école autrichienne est précieuse à cet égard car elle est la seule théorie réaliste qui repose sur des principes s’ancrant en harmonie aux fondements de la Liberté individuelle. Toutes les autres embarquent diverses formes d’oppression ou de spoliation dans leurs principes, ou restent incompatibles, étrangères ou du moins éloignées du quotidien de l’entrepreneur.

Qui fonde l’école autrichienne et quels sont ses principes fondateurs ?

StG : On s’accorde souvent à considérer Carl Menger (*) comme le premier des Autrichiens. Dans ses Principes, il eut de nombreux apports, dont je dirais que les deux principaux sont d’ordre méthodologique, posant les bases assurant son caractère scientifique à la théorie économique. Le premier, portant sur la méthode, annonce Ludwig von Mises, connu pour son ouvrage “L’Action Humaine”. Menger ne suit pas Léon Walras, qui adopte une approche statistique. Menger étudie les choix se présentant à l’individu, ce qui restera la base de cette école. Second point, par cette analyse, Menger donne sa propre version de la “loi de l’utilité marginale décroissante” qui, dans sa forme sinon dans sa formulation de l’époque, relève du théorème. L’idée que l’économie peut s’étudier à partir de la seule action individuelle pour prendre la forme de théorèmes de même véracité qu’en mathématique est selon moi, et bien d’autres, le point distinctif majeur de toute l’école autrichienne. À partir de Menger, tout une ligne de grands contributeurs s’enchaîne. On y compte Eugen Böhm-Bawerk, L. von Mises, Murray Rothbard, puis chez les contemporains, Guido Hülsmann et Hans-Hermann Hoppe.

(*) Les Principes de Carl Menger furent publiés en 1871, date marquant le début de l’EAE.

Qui sont ses représentants contemporains et leurs apports ?

StG : En général, les divers auteurs ont travaillé comme en science, au sens qu’ils ont mené les acquis plus loin, parfois corrigé certains points, mais ont le plus souvent confirmé les résultats de leurs aînés. Chacun a eu un apport marquant. Rothbard a retravaillé l’immense œuvre de Ludwig von Mises pour en faire la première théorie complète intégrée à sa théorie du droit naturel. Il a refondé (enrichi) la pensée de l’école en matière de monopoles. Hülsmann a pensé la société de la déflation, c.-à-d. les conséquences d’une monnaie ne subissant pas l’inflation, qui pourtant nous semble de nos jours incontournable. Hoppe a beaucoup travaillé sur les liens entre monnaie, risque, incertitude et la prise de décision de l’entrepreneur. On peut observer que, si les anciens ont posé les fondamentaux purement économiques, les dernières générations ont beaucoup œuvré à leur intégration avec la théorie libertarienne.

On la considère “hétérodoxe”: est-ce pour sa méthodologie, son objet, ou ses conclusions ?

StG : Je pense que c’est pour les trois raisons à la fois. Parce que l’école repose sur une méthodologie rigoureuse, elle sort radicalement des autres lignes de pensée et inversement, elle les décrédibilise rudement. De par sa méthode même, son objet est l’étude de l’action de chaque individu, là où d’autres prétendent étudier des “variables”, des “courbes” ou des équations mystérieuses. Tout cela aboutit à des conclusions qui par essence ne peuvent être du même ordre que les autres écoles. Celles-ci s’évertuent à la prédiction quantifiée quand l’école autrichienne ne dépasse jamais l’annonce de phénomènes qualitatifs à venir. À ceux qui voient là une faiblesse, je répondrai qu’au contraire, si l’EAE présente cette humilité dans ses résultats, c’est parce qu’elle refuse de sortir du champ de la démarche scientifique.

D’autres écoles d’économie, généralement néo-marxistes, se revendiquent “hétérodoxes”. Comment les analyser ?

StG : Je ne suis pas sûr de savoir répondre par manque d’expertise dans ces “écoles”. Pour autant, si elles se disent “néo-marxistes”, je suppose qu’elles reprennent à leur compte une des erreurs de fond de Karl Marx, héritée d’ailleurs de David Ricardo, à savoir la “valeur travail”. Pour ces deux “économistes”, en simplifiant, la valeur économique viendrait de la quantité de travail engagé à produire l’objet auquel on s’intéresse. Une voiture aurait plus de valeur qu’un marteau parce qu’il y a bien plus de travail à faire pour aboutir à une voiture qu’à un marteau, par exemple. Cela prend pour démarche de considérer la valeur d’un objet comme une de ses caractéristiques propres : toute voiture produite possèderait telle valeur économique, tout marteau possèderait telle autre. Il est facile de montrer que le travail n’a en réalité aucune valeur économique ; il est même anti-économique puisqu’il motive toutes les améliorations des méthodes de production, et le capitalisme, depuis la nuit des temps. 

Quels points communs et quelles divergences voyez-vous entre ces courants et l’école autrichienne ?

StG : Pour l’école autrichienne, la “valeur travail” n’a pas cours et dès lors les points communs sont très limités. Sans détailler ici, la valeur économique ne vient pas du travail, mais du jugement que vendeur et acheteur ont chacun de leur intérêt à échanger un objet contre monnaie ou autre. Là où la vision marxiste imagine une exploitation par le vol de la valeur produite par le travail, la vision autrichienne constate un intérêt mutuel à l’échange entre le salarié et son “patron”, matérialisé par un contrat co-signé librement, donc sans exploitation. Cet angle de vue radicalement différent contribue à distinguer nettement ces “hétérodoxies”. Il y a certainement bien d’autres différences, mais que je sache, elles découlent souvent de leur analyse opposée de la création de la valeur lors du processus industriel de production.

L’école autrichienne permet-elle de faire des recommandations politiques ?

StG : Bien sûr, mais il s’agit de recommandations qui ne vont que rarement dans le sens que les politiciens affectionnent. En substance, l’école autrichienne ira toujours dans le sens de plus de liberté individuelle parce que c’est de la liberté que vient la prospérité. Les politiques, eux, ont pour “offre” de distribuer des privilèges, sous une forme ou sous une autre, donc de réduire le champ de la liberté pour imposer des monopoles, plus ou moins subtils et discrets. L’EAE a donc peu de succès chez les politiciens, qui lui préfèrent tout autre école théorique faisant l’éloge de la course aux privilèges ou de l’interventionnisme, leur fond de commerce.

L’école autrichienne permet-elle de faire des prévisions ? Et si oui, de quelle nature ?

StG : Dans une certaine mesure, oui. Une des caractéristiques de l’école tient à ses lois, ses théorèmes exprimant rien de moins que des certitudes économiques, par exemple la loi de l’offre et de la demande : toute offre supérieure à sa demande conduit à la baisse des prix associés, toute offre inférieure conduit à leur hausse. Une telle loi permet de prévoir à l’avance l’évolution des prix du pétrole, par exemple, si sa demande monte, mais sans dire de combien en sera la hausse, ni selon quel calendrier. De telles prévisions sont qualitatives et ainsi plutôt modestes. Mais elles viennent avec certitude, là où les prévisions des autres économistes mettent des chiffres en avant, mais que personne ne peut ni vérifier, ni certifier.

Pourquoi, selon vous, l’école autrichienne est-elle si peu enseignée ?

StG : La réponse, limpide, découle de la précédente : comment les filières de formation des “économistes” prévisionnistes pourraient-elles enseigner une école de pensée remettant en cause le concept même d’économiste ? Et de fait, les rares entités qui l’enseignent vraiment sont toutes – que je sache – hors des circuits mainstream. Il est cependant plus étonnant que les écoles de commerce censées former les futurs entrepreneurs suivent la même politique.

Comment expliquer qu’elle souffre de la réputation de manquer de scientificité ?

StG : Sur ce point, les choses sont plus complexes. Bien sûr, les catégories précédentes sont les premières à faire circuler ce genre de rumeur, qui servent leur propres thèses. Chez ceux qui sont sincères, une majorité sans doute, très peu cernent vraiment cette question. L’EAE, qui suit une démarche dite aprioriste, remet en cause bien des acquis. Le dogme est bien ancré qui associe science avec démarche empirique, ce qui constitue un réel frein à l’acceptation de l’épistémologie des Autrichiens. De mon expérience des débats, le fait par exemple que la philosophie et les axiomes logiques priment sur la thèse empiriste reste peu compréhensible à beaucoup. Il est manifestement difficile d’admettre que l’EAE puisse être plus rigoureuse à la fois dans ses concepts et ses théorèmes que des théories qui pourtant ne sont pas capables de mener les expériences qu’elles reprochent à l’EAE de ne pas faire. Dès lors, force est de constater que le procès en scientificité n’est qu’un leurre argumentatif.

Vous dites rejeter le concept même d’économiste… Est-ce que vous rejetez l’idée même d’étudier l’économie ? Ou juste le fait de justifier des politiques à partir de recommandations d’économistes ?

StG : Non, je n’irais pas jusque là. C’est bien, en effet, le faux garant de l’action politique que je dénonce, mais certainement pas l’étude de l’économie. Je tente seulement de souligner la perversité de la parole de ces économistes proclamés véhiculant une vision déformée de la réalité, quand cette parole a le pouvoir de justifier une action politique trop souvent négative. Ainsi, l’Institut Mises France fut créé pour aider à l’étude de l’EAE. J’encourage donc le plus grand nombre à se former, à découvrir les concepts économiques réalistes, corrects – c.-à-d. cohérents avec la réalité que nous vivons. Cela à triple fin : pour donner à chacun les armes pour décrypter et comprendre le monde qui nous entoure sous cet angle crucial de l’économie ; pour que ces armes viennent contribuer à dénoncer plus largement encore ces fariboles prétextes ; enfin, pour que chacun renforce sa capacité à prospérer soi-même.

Existe-t-il un lien entre l’école autrichienne et le droit (naturel) ?

StG : Oui, et il est très étroit, depuis Rothbard. Les auteurs précédents, jusqu’à Mises ou Hayek, restaient des libéraux traditionnels, “classiques”. Rothbard le premier a formalisé le lien sous deux angles. Tout d’abord, sa théorie des échanges rend systématique le lien avec la propriété privée : tout échange est un échange de deux droits de propriété, donc de droits naturels. Ensuite, il a complété ce lien par la notion de préférence temporelle démontrée : la seule manière de factualiser la valeur accordée par un individu à une chose est de constater l’action qu’il décide d’en faire, pourvu qu’il soit bien libre de sa décision. Si j’achète un pain, c’est que je le préfère, dans ma liberté de choix de l’instant, à l’euro que j’y mets, préférence qui est ainsi démontrée. Le lien fait est entre le concept central de l’évaluation subjective de la valeur et le critère de validité : une action contrainte ne démontre aucune valeur probante.

Ainsi, seul un échange libre permettrait d’attester de la valeur créée, est-ce bien cela ?

StG : En effet, sans liberté de choix, il est impossible de constater auprès des acteurs, donc d’établir objectivement, la valeur des produits ou services, puisque dans une telle hypothèse leurs prix ne peuvent pas être négociés ni leurs qualités mises en concurrence. Il est exact que seul l’échange libre, c.-à-d. dégagé de toute coercition (la force et la contrainte de la loi imposées par l’État, au sens large, les monopoles inclus), peut révéler la valeur économique réelle. Si l’individu n’a pour seul choix que celui d’acheter à un prix imposé ou d’acheter des produits imposés, il va de soi que la valeur qu’il y aura accordée ne pourra être que faussée.

Si vous vous opposez aux monopoles, quid des grandes entreprises qui sont autant de monopoles de fait ?

StG : Les notions de monopole et de concurrence chez l’école autrichienne sont bien plus simples et claires que chez les autres écoles. Elles remettent en question bien des principes posés pour acquis, dont la confusion s’exprime au quotidien dans la presse. Il faut en effet dénoncer tout monopole, mais cela plus pour raison de droit et de principe que d’efficacité. Il ne faut notamment pas confondre le monopole avec la position dominante. Ainsi, Google ou Amazon, souvent pris pour des ogres en monopole sur leurs marchés, n’y sont en fait qu’en positions dominantes. En effet, il n’est pas obligatoire d’avoir recours à leurs services, et leur faire concurrence n’est pas interdit. Là est la différence. Par définition, un monopole est une interdiction, il crée une illégalité là où la position dominante ne crée que de la tentation. Le monopole est ainsi toujours la conséquence d’une législation, il est un privilège accordé par la loi. D’ailleurs, Google, comme Amazon, vient de la libre concurrence, et non pas de la loi.

Donc, si je comprends bien, il faudrait donc condamner tout monopole public ?

StG : En effet, s’agissant des “services publics”, il faut remettre les choses à leur place. On les justifie le plus souvent par ce principe qui voudrait que ne pouvant pas être rentables, du fait des investissements requis, il ne serait pas possible de les confier au libre marché qui jamais n’investirait de la sorte. Et cela justifierait d’en faire autant de monopoles. Mais cela cache une triple erreur économique. Tout d’abord, ce postulat de non-rentabilité repose sur un business-model simpliste, voire arbitraire. Ainsi, on prétend que les investissements en grandes infrastructures (voies ferrées spéciales des TGV, réseau d’autoroutes, etc.) sont trop lourds pour être rentables. On retrouve là le fameux argument des économies d’échelle et du ”monopole naturel”. Mais pourquoi faudrait-il forcément que ces structures soient les seules options possibles ? Pourquoi ne pourrait-on pas imaginer autre chose que des TGV ? Des autoroutes, artificielles ? Ensuite, l’argument de non-rentabilité se retourne contre celui du “service public” : pourquoi faudrait-il mettre en place de tels “services” si l’on les sait sans intérêt économique, c.-à-d. d’une demande insuffisante ? Pourquoi un “service public” s’il ne rend pas service ? Enfin, poussant ce dernier point et venant à répondre, pourquoi en faire un monopole ? Pour le protéger de la concurrence ? Mais s’il faut l’en protéger, c’est qu’on imagine qu’il pourrait y avoir, pour des entrepreneurs, des manières d’offrir le service avec rentabilité. Or dans ce cas, on entre en contradiction avec le postulat fondateur de départ.

Pourtant, que penser de ceux qui prétendent que laisser la santé au privé reviendrait à exploiter la santé des gens ?

StG : Que leur pensée est restée entachée de marxisme aveuglé par l’idéologie. La crainte affichée repose sur une mauvaise lecture de l’échange et de la relation commerciale. Pour le marxiste, l’ouvrier est exploité par son patron, alors qu’en réalité les deux sont gagnants. Par extension, l’entreprise ne rend pas service à ses clients mais elle en abuse ; elle les vole car son profit est pris dans la poche du client. Une telle analyse oublie que ce profit est équilibré par le produit ou service dont le client profite, profit démontré par le fait même de son achat. Ainsi les entreprises du secteur de la santé, comme tout autre secteur, ne peuvent prospérer que là où leurs clients voient un intérêt à acheter leurs services, c.-à-d. là où ils estiment leur perspective de santé s’améliorer. Aucune entreprise ne peut “exploiter” ses clients, sur un marché libéré des distorsions législatives, car aucune entreprise ne peut s’imposer au client. Il faut peut-être finir en clarifiant l’expression “le privé”, qui contribue à la confusion. Dans un système de santé où les monopoles sont partout, il n’est pas pertinent de différencier privé et public. Une clinique privée sur un marché libre veillera à soigner ses clients, pour la raison donnée juste au-dessus. Par contre, la même clinique plongée au sein d’un système où tous les actes médicaux sont régis et contraints par la législation, donc où le libre choix de l’offre et de la demande n’existe plus, ne peut plus être différenciée d’un hôpital de “service public”.

Et quid de la presse, dont on dit que seule une presse publique permettrait d’apporter une information neutre et fiable ?

StG : Par quel miracle la presse pourrait-elle être neutre si elle est financée par l’État ? Dans l’autre sens, une étude sur les effets de la cigarette commandée par Philip Morris serait-elle considérée comme neutre ? La réponse de Rothbard sur ce point serait tout à fait simple et claire. Presse ou autre, le producteur veillera à satisfaire (en qualité et en fiabilité) celui qui le finance. Si le lecteur achète ses pages, le journaliste n’ayant alors pas d’autres revenus que ses lecteurs (la publicité s’analyse de même) veillera à informer le lecteur afin de le satisfaire. De la même manière, une presse publique et subventionnée ne met pas ou plus la priorité sur l’information neutre du lecteur, mais à la diffusion de ce que le pouvoir qui la finance lui demande de diffuser. Pour aller plus loin, je ferai l’analogie avec la monnaie, sur une idée de Hoppe. Ainsi, si imprimer de la monnaie produisait de la richesse, alors nous devrions déjà être tous immensément riches ; ainsi de même si la presse publique pouvait et voulait seule nous informer, nous devrions déjà être tous immensément instruits et savants.

À suivre

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