Avec les protestations des Gilets Jaunes ayant fait rage pendant plus de trois mois, la viabilité de l’Union Européenne comme entité politique aura été remise en question.
En effet, l’UE est partie dans un tourbillon de bouleversements économiques et politiques depuis la crise de l’Eurozone de 2009. En 2016, l’UE fit l’expérience d’un tremblement de terre politique quand survint le référendum du Brexit, et que les électeurs Britanniques décidèrent qu’il était temps pour le Royaume Uni de quitter l’UE.
Dans une certaine mesure, le vote pour le Brexit fut une manifestation du populisme britannique. Voilà que les populistes français se sont faits connaître sous la forme du mouvement des gilets jaunes.
Mais quelles sont les implications de tout cela ?
Le Léviathan hors de contrôle de la France
La France n’est pas exactement dans sa meilleure forme économique. Le taux de chômage a oscillé autour de 9 à 10 % sur la dernière décennie. Le coût de la vie a considérablement augmenté à cause des réglementations étatiques. Ainsi, la proposition de taxe sur le gasoil de Macron, qui aurait touché assez durement la classe ouvrière, ne fait qu’exacerber la situation économique sous-optimale de la France.
Et c’est seulement la partie émergée de l’iceberg, en regard de l’économie surchargée de la France.
Une étude de l’Institut Économique Molinari établit que la pression fiscale du « travailleur moyen » en France est plus grande que celle d’un quelconque de ses partenaires européens. La modération fiscale n’a pas été le point fort de la France avec un État comptant pour 56 % du PIB par ses dépenses. Sur le front réglementaire, la France est un chaos. Son Code du Travail, une monstruosité législative de 1.600 pages et 10.000 articles, a grandement handicapé son marché du travail. Selon le classement de 2019 sur la liberté économique de la Heritage Foundation, le score de la France sur la liberté du travail la place très près de la catégorie des pays « Réprimé ».
Dans un cruel tournant d’ironie, la France a régressé vers une politique économique monarchique, dominée par un État interventionniste qui légifère, subventionne et contrôle lourdement certains secteurs de l’économie.
Tristement, bien des gilets jaunes n’ont pas appréhendé la poutre dans leur œil que constitue l’étatisme français.
Une idéologie défectueuse pourrait-elle faire dérailler le mouvement des Gilets Jaunes ?
Claudio Grass remarqua comment les manifestants « gilets jaunes » n’ont « pas de croyances politiques unifiées et homogènes, d’affiliation à un parti ni motivation idéologique. » En fait, certaines de leurs revendications sont plutôt contradictoires et empeste l’étatisme. Quand on porte attention aux exigences des gilets jaunes, elles vont dans tous les sens, éparpillées. Des réductions d’impôts pour la classe laborieuse, au contrôle des loyers et à l’accroissement du salaire minimum, ce mouvement est l’incarnation de l’incohérence idéologique.
Cependant, les gilets jaunes ne sont pas nécessairement condamnés, car il y a toujours une petite lumière sous les crises comme celle-ci.
Le côté positif de la décentralisation
Le mouvement des gilets jaunes présente l’occasion en or de faire avancer les idées associées à la décentralisation.
En d’autres mots, ce mouvement pourrait d’abord s’articuler autour d’une sorte de « Frexit » qui mettrait en relief un désengagement de l’UE. Mais comme le Brexit, la France ne devrait pas s’arrêter à simplement quitter l’UE. Comme Philip Booth le fit remarquer pour le Royaume Uni, la plupart des pays européens, telles la Grande Bretagne et la France, ont encore du travail à faire dans la libéralisation de leurs économies.
Convaincre des millions de Français d’arriver à une sorte de consensus politique qui fasse promotion du marché libre est encore une gageure dans l’actuel climat intellectuel d’interventionnisme. Au lieu de se laisser entraîner dans les complexités idéologiques favorables à de drastiques changements de la politique économique française, la priorité devrait porter sur de plus radicales formes de décentralisation.
Des propositions incluant la décentralisation de l’État-providence devraient évidemment être mises sur la table. Mais pourquoi s’arrêter là ? Les Français devraient écouter les mouvements séparatistes qui prennent place dans des régions telles que la Bretagne et la Catalogne française, et les laisser se détacher de l’Hexagone. Plus les territoires français seront en concurrence au sein du pays, meilleur ce sera pour la liberté humaine et l’innovation.
Le XXe siècle fut celui de l’hyper-centralisation et de l’intrusion de l’État dans tous les aspects de la vie humaine. La France peut se libérer de ce cycle de centralisation en réalisant son propre Frexit et ainsi faciliter les mouvements de rupture au sein de ses traditionnelles frontières d’état-nation.
Le XXIe siècle n’a pas besoin de répéter les erreurs du XXe siècle. La France peut mener la charge en poussant la sagesse politique universelle et en embrassant pleinement le séparatisme.
José Niño est un écrivain freelance basé à Austin, Texas.