Il y a deux ans paraissait Liberté Manifeste, un ouvrage salué pour sa clarté et sa forme originale en «questions-réponses», qui permettait aux lecteurs d’entrer pas à pas dans l’univers du libertarianisme. Fort de ce succès et des nombreux retours enthousiastes, Stéphane Geyres a choisi de poursuivre cette dynamique avec Économie Manifeste, en reprenant la même approche didactique, mais cette fois-ci au service d’un autre pilier fondamental de la pensée libertarienne : l’économie, et plus précisément, la théorie économique autrichienne, celle des libertariens.
Ce nouveau livre, le quatrième de son auteur, est donc le prolongement naturel de cette aventure intellectuelle. Et si c’est habituellement Stéphane lui-même qui signe les préambules de nos publications, je prends aujourd’hui la plume à sa place, avec un plaisir tout particulier, pour vous présenter cette nouvelle pierre à l’édifice de notre catalogue.
Je tiens avant tout à remercier particulièrement Jörg Guido Hülsmann — économiste allemand, docteur en sciences économiques, et professeur agrégé des Universités à l’Université d’Angers — pour sa gracieuse contribution sous la forme d’une préface aussi limpide qu’inspirante. Elle s’accorde avec justesse au ton de l’ouvrage, et lui apporte une fraîcheur teintée d’optimisme. Mes remerciements vont également à Laurent Seiter, dont la pertinence des questions posées tout au long du livre en constitue l’ossature même. Sans son esprit affûté et sa curiosité sincère, ce texte n’aurait pas vu le jour. Autodidacte passionné, Laurent incarne à lui seul l’idée que la théorie autrichienne est accessible à tous — et peut-être plus encore, qu’elle répond aux interrogations les plus concrètes de notre quotidien.
Comme l’ouvrage précédent, Économie Manifeste ne prétend pas à l’exhaustivité de la théorie économique. Nulle ambition ici de rivaliser avec les monuments fondateurs que sont L’Action Humaine de Ludwig von Mises ou L’Homme, l’Économie et l’État de Murray Rothbard. Ce livre se veut une porte d’entrée : un travail d’introduction, clair et structuré, destiné à éveiller l’intérêt et à préparer les esprits curieux à ces lectures majeures. Sur une centaine de pages — du chapitre 2 au chapitre 7 — il expose les concepts fondamentaux de l’école autrichienne. Tout commence par l’action humaine, cette base sur laquelle repose toute construction économique : car nous sommes avant tout des êtres d’action et de décision. Vient ensuite l’échange, toujours gagnant-gagnant lorsqu’il est libre, qui rompt radicalement avec les thèses marxistes. L’échange, combiné à l’infini, donne naissance au marché libre, puis à l’émergence naturelle de la monnaie. Ainsi se dessine les bases de la mécanique économique — non pas dans l’abstraction, mais dans l’observation du réel.
Ce parcours suscitera inévitablement de nouvelles questions. C’est là toute la force de la forme choisie : le dialogue. En posant des interrogations pertinentes et en y répondant avec rigueur, ce livre ancre la théorie dans une solide épistémologie, tout en la reliant au quotidien de l’entrepreneur, de l’entreprise, et donc de chacun de nous. Il propose aussi une défense assumée de cette école face aux critiques, parfois légères, parfois malveillantes, mais toujours issues de l’ignorance des protagonistes, qu’elle continue de susciter, et prendra alors efficacement la défense de la théorie autrichienne face aux nombreuses – bien trop nombreuses – autres écoles théoriques. Loin d’être une curiosité intellectuelle marginale, la pensée autrichienne est, au contraire, la seule à décrire avec justesse la réalité des interactions économiques dans une société «normale» — que ce soit en France, comme partout ailleurs.
Je suis heureuse que ce livre voie le jour, et qu’il vienne enrichir notre collection. Car il existe, en France comme dans l’ensemble du monde francophone, un immense déficit de culture économique. Cette carence se révèle aussi bien dans les propos d’élus interrogés à la télévision, que d’hommes publics lors de conférences, et par conséquent dans les convictions de nombreux jeunes, souvent déconnectés de ce qu’est réellement la vie en entreprise. L’inculture économique n’est plus une exception, elle est devenue la norme, affichée en continu sur les écrans d’actualité.
Je suis lucide : Économie Manifeste n’inversera pas à lui seul cette tendance. Cependant il est un outil précieux, un contributeur au changement, une ouverture à la compréhension de l’économie. Un ouvrage accessible, solide, que chacun pourra mettre entre les mains d’un jeune, d’un parent, d’un collègue, pour l’aider à mieux comprendre ce qui l’entoure : l’entreprise, le marché, le capitalisme, et à discerner les idées fausses qui polluent notre débat public. Il donne des clés pour mieux comprendre l’entreprise, mieux cerner ce qu’on entend par marché libre, mieux percevoir le capitalisme, et aussi mieux distinguer les plus gros mensonges et contre-vérités qu’on nous sert au quotidien.
Ce livre n’a pas vocation à clore un débat, mais à l’ouvrir dans de meilleures conditions. Il propose des repères là où règne trop souvent la confusion, et des principes là où dominent l’improvisation et l’idéologie. À une époque où l’économie semble partout invoquée mais rarement comprise, il remet en lumière des vérités simples, exigeantes, et durablement fécondes.
Qu’il devienne un point de départ,
Pour lire autrement,
Penser autrement,
Et, peut-être, du moins je l’espère, agir en conséquence.
Laurence Souillot
Editions John Galt


